Les disciples de Louis Pasteur

Introduction

Samedi 28 septembre 1895, Louis Pasteur, très affaibli par la maladie qui l’a frappé un an plus tôt, s’éteint dans sa soixante-treizième année au milieu des siens, dans la chambre du « Pavillon des Cent Gardes » du domaine de Villeneuve-l‘Étang à Marnes-la-Coquette où il s’était reposé pendant l’été au sein de cette annexe de l’institut de la rue Didot. Déjà ébranlé en octobre 1887 par deux accidents vasculaires cérébraux consécutifs à une maladie cardiaque, survenus à huit jours d’intervalle et qui lui ont altéré la parole, Pasteur, dans la journée du 1er novembre 1894,  a été victime d’une violente crise d’urémie et est resté presque inconscient pendant quatre heures. Mais la nuit ramène un peu d’espoir ; il peut parler et demande qu’on reste près de lui. Comme le rapporte son gendre, l’écrivain René Vallery-Radot dans son ouvrage paru en 1900, La Vie de Pasteur, «Alors s’organisa un service de dévouement. Ses disciples voulurent à tour de rôle veiller auprès de lui. Chaque soir, deux personnes étaient dans sa chambre : un membre de sa famille et un pastorien. Vers une heure du matin, ils étaient remplacés par un autre pastorien et un autre membre de la famille. Du 1er novembre au 25 décembre, les travailleurs du laboratoire continuèrent ce service que M. Roux avait réglé ainsi : nuit du dimanche, Roux et Chantemesse ; lundi, Queyrat et Marmier ; mardi, Borrel et Martin ; mercredi, Mesnil et Pottevin ; jeudi, Marchoux et Viala ; vendredi, Calmette et Veillon ; samedi, Renon et Morax. Il y eut des substitutions. Le Dr Marie réclama le même privilège. M. Metchnikoff, anxieux, allait et venait à toute heure de son laboratoire à la chambre du maître. Après la journée de travail chacun prenait sa nuit de garde, apportant un livre ou un cahier de notes pour continuer la besogne commencée, quand Pasteur sommeillait ». Cette vénération de la « famille pastorienne » à l’égard du maître illustre la fascination qu’il exerçait sur ses collaborateurs en les enflammant du feu sacré par son enthousiasme, son imagination guidée par une intuition comme seuls en ont les hommes de génie, sa rigueur et sa « foi » scientifique, ainsi que son désintéressement.  Après sa mort, tels des apôtres, ses disciples propageront de par le monde la « parole  de l’Évangile microbiologique selon Pasteur ». Ils seront indifférents aux titres et aux honneurs, et désintéressés face au profit, à l’argent et à la notoriété. Sept d’entre eux ont contribué au bienfait de l’humanité en identifiant des agents de maladies infectieuses, leur mode de transmission à l’Homme et les moyens pour s’en prémunir : Émile Roux, Alexandre Yersin, Paul-Louis Simond, Albert Calmette, Alphonse Laveran, Charles Nicolle et Jules Bordet, ces trois derniers ayant été lauréats d’un Prix Nobel de physiologie/médecine. L’oeuvre scientifique de ces sept médecins est relatée ci-après.

Michel Simonet
Professeur honoraire de bactériologie, Faculté de médecine de Lille
michellouis.simonet@gmail.com

Emile Roux

Alexandre Yersin

Paul-Louis Simond

Albert Calmette

Alphonse Laveran

Charles Nicolle

Jules Bordet