XVèmes Journées de Mycobactériologie de Langue Française

XVèmes Journées de Mycobactériologie de Langue Française

Résumés

C1. Tuberculose de l’enfant : avancées et défis
Olivier Marcy, Bordeaux

Selon l’OMS 1,12 millions d’enfants ont eu une tuberculose en 2019 et 205.000 en sont décédés. Des travaux de modélisation ont estimé que la très grande majorité des décès (>96%) survient chez des enfants âgés de moins de 5 ans non traités, la plupart du temps du fait des difficultés diagnostiques majeures chez l’enfant. Le sous-diagnostic chez l’enfant est lié non seulement à la nature paucibacillaire de la maladie et à la faible sensibilité des tests microbiologiques mais aussi aux difficultés de prélèvements chez les plus jeunes, à l’absence de décentralisation du diagnostic dans les pays de forte incidence, aux difficultés du diagnostic clinique du fait des signes peu spécifiques, aux difficultés de lecture et la mauvaise qualité des radiographies. Longtemps négligées par les programmes nationaux de lutte contre la tuberculose, la tuberculose pédiatrique est maintenant devenue une priorité de santé publique avec un programme international de mobilisation visant à réduire la mortalité établi en 2013 («Roadmap for Childhood TB: Toward zero deaths – WHO»). Depuis 2015 le taux de notification des tuberculoses pédiatriques à l’OMS est passé de 36 à 50%, traduisant une amélioration globale de la notification comme en Inde, et une amélioration de l’accès au diagnostic. Les défis restent nombreux liés à la tuberculose pédiatrique restent cependant nombreux. Le dépistage autour des cas et la mise sous traitement préventif reste globalement très faible dans les pays de forte incidence. Les enfants infectés par le VIH, ceux présentant une malnutrition, et les enfants présentant une pneumonie sévère dans les pays de forte incidence tuberculeuse restent très vulnérables face à la maladie étant plus exposés au risque de maladie, à des difficultés diagnostiques encore majorée par rapports aux autres enfants, et à un risque plus élevé de mortalité du fait de la pathologie sous-jacente et du sous-diagnostic. Malgré l’augmentation des posologies des antituberculeux de première ligne recommandée par l’OMS chez l’enfant depuis 2012 et la disponibilité de combinaison à dose fixe forme adapté à ces doses, les données pharmacocinétiques disponibles montrent que les concentrations plasmatiques restent faibles chez les enfants malnutris. La faible sensibilité du diagnostic microbiologique incluant la détection de la résistance rend l’accès des enfants au traitement de la tuberculose résistante très complexe, les empêchant notamment d’accéder aux traitements les plus récents (delamanid et bedaquiline). Les recherches en cours notamment celles en vue d’améliorer le diagnostic pourraient contribuer à réduire la mortalité de la maladie qui reste inacceptablement élevée chez l’enfant, notamment dans les 10 pays qui regroupent plus de 80% des cas mondiaux.